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Prévention de la radicalisation

La Sauvegarde de la Seine-Saint-Denis, a été choisie par l’Etat pour conduire le dispositif de prévention de la radicalisation sur le Département.

Retour sur l’émergence du modèle français de prévention de la radicalisation

En avril et septembre 2014, dans un contexte international de lutte contre le terrorisme et les dérives liés à l’intégrisme religieux, l’Etat français présente son modèle de prévention de la radicalisation, conforté en cela par la résolution 2178 de l’ONU du 24 septembre 2014, relative à la lutte contre le terrorisme, selon laquelle « il faut s’attaquer à l’ensemble des causes du phénomène, ce qui exige notamment d’empêcher la radicalisation pouvant conduire au terrorisme, de juguler le recrutement, (…), et de faciliter la réintégration et la réinsertion  ».

Suite aux évènements tragiques de janvier 2015, la mise en œuvre de ce modèle de prévention de la radicalisation , connaît une accélération. En effet en avril 2015, l’Etat par l’intermédiaire du Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance (CIPD), en charge du pilotage et de la mise en œuvre de la réponse publique, lance un appel à projets sur l’ensemble des départements français.

Sur le territoire de la Seine-Saint-Denis, la Sauvegarde se porte candidate à cet appel à projets intitulé « prévention de la radicalisation ». Le projet de l’association est retenu parmi les 19 déposés auprès de la préfecture de la Seine-Saint-Denis.
Ainsi la Sauvegarde est choisie par le Préfet à l’égalité des chances comme opérateur unique sur le département pour conduire son projet « Dispositif de prévention de la radicalisation violente, par l’accompagnement et l’assistance aux familles en Seine-Saint-Denis  ».

Un projet Sauvegarde qui s’inscrit dans une organisation nationale, construite autour :

  • Du numéro vert et de la plate-forme téléphonique ouverte au sein de l’Unité de coordination de lutte anti-terroriste (UCLAT) à Beauvau. Cette plate-forme centralise les appels des familles qui s’inquiètent du basculement d’un jeune dans la radicalisation. Les écoutants de l’unité, tous des policiers réservistes, ont également un rôle d’information et d’orientation,
  • Des cellules de suivi par les Préfets : Chaque Préfet pilote sur son Département la mise en œuvre du dispositif. Après transmission des informations par la plate-forme concernant son territoire, il en avise le procureur de la République. La cellule examine tous les mois les signalements concernant le département.
  • Du Préfet : Son rôle est essentiel dans la mise en œuvre de la réponse publique. En effet, c’est le Préfet qui à partir des situations signalées par l’intermédiaire du numéro vert, transmet les situations à prendre en charge à l’équipe de la Sauvegarde.

Présentation du dispositif Sauvegarde

Un dispositif qui repose sur une équipe projet pluridisciplinaire, constituée par un travailleur social, un psychologue, un juriste et un ethnopsychiatre.

Placée sous la direction de Zohra HARRACH NDIAYE, l’équipe prend en charge les mineurs signalés comme radicalisés et leurs familles, et qui lui sont adressés par le Préfet, exclusivement. La transmission de ces situations à la Sauvegarde ne concerne pas les personnes dont les situations sont judiciarisées, mais uniquement les situations pour lesquelles il est estimé qu’un travail social, éducatif et un soutien psychologique sont possible et s’avèrent nécessaires pour éviter la tentation de la radicalisation.

A travers un accompagnement, individuel et collectif, ces familles et leurs enfants dont les fiches de signalement sont adressées à la Sauvegarde, bénéficient d’un étayage social, éducatif, juridique et surtout psychologique, voire ethno psychiatrique pour certaines situations.

C’est sous la coordination, d’un travailleur social à temps plein, que la prise en charge individuelle s’organise.
Une prise en charge collective sous la forme de groupes de parole, co-animés par le travailleur social et le psychologue a également été pensée. Permettant aux parents de jeunes radicalisés, en voie de radicalisation ou partis sur les zones de combat, d’échanger, de parler de leur incompréhension, ces espaces de parole sont très précieux pour des parents désemparés face à leur enfant qu’ils ne reconnaissent plus.
Pour ces familles en état de sidération, une assistance téléphonique 7jours/7 a été mise en place.

Les principes qui fondent l’intervention de la Sauvegarde :

  • Le phénomène de radicalisation est envisagé par l’équipe projet comme un phénomène qui trouve naissance dans un contexte familial, social (…), par conséquent il ne doit pas être isolé de son traitement,
  • La radicalisation est un phénomène qui n’est pas à considérer comme « exotique », mais bien comme un fléau qui trouve son origine dans notre société. Il convient donc dans la prise en charge des situations, de s’intéresser à la trajectoire, au parcours individuel, familial, social, judiciaire (…),
  • La radicalisation est un danger et les mineurs qui succombent à cette dérive sont des mineurs en danger,
  • La prévention de la radicalisation, s’inscrit dans un ancrage « protection de l’enfance »,
  • Le travail avec les familles des mineurs et jeunes concernés, est essentiel car pour ces jeunes radicalisés ou en voie de radicalisation, il convient d’éviter les ruptures avec leur environnement,
  • La dimension partenariale est essentielle dans la mise en œuvre de ce dispositif, notamment le partenariat avec le secteur de la prévention spécialisée,
  • Le dispositif de la Sauvegarde s’inscrit dans une expérimentation sur une durée de 3 années, et dans le cadre d’une recherche action qui associe le sociologue Saïd BOUAMAMA.

Mise en ligne le jeudi 26 novembre 2015
Modifiée le jeudi 26 novembre 2015